jeudi 25 février 2016

Stalactites et rôle ancien des hommes dans la déforestation de Madagascar

Le littoral entre Betsiboka et Mahajamba : une forêt sèche en lambeaux
 
On s'en doutait mais on n'en avait pas la preuve absolue : ce sont les hommes, particulièrement les éleveurs, qui sont responsables du grand mouvement de déboisement touchant l'ensemble de Madagascar et datant d'environ 1 000 ans (XIe siècle). Les feux allumés par l'ancienne population seraient le principal responsable de la destruction des forêts originelles et le déclencheur de l'extinction de la mégafaune, et non le changement climatique comme certains l'ont affirmé, nous disent des chercheurs réunis autour de Stephen Burns (2016). On fait d'ailleurs souvent référence dans la mythologie malgache à l'afotroa, le feu mythique qui ravaga toute l'île laissant des charbons de bois en stratigraphie. 
 
Pour cela deux stalactites d'un mètre de long ont été prélevées dans la grotte d'Anjohibe (voir article) puis ont été envoyées au MIT pour une étude détaillée. Là, les chercheurs les ont soumises à une analyse isotopique, comparant la quantité et le type de carbonate de calcium. Cela a permis de mettre en évidence un changement radical, complet et soudain de leur composition. A l'origine les isotopes de carbone dans les stalagmites sont en lien avec des arbustes et des arbres poussant à la surface du sol ; un nouveau rapport isotopique compatible avec les prairies a remplacé le premier en seulement un siècle tandis que les précipitations restaient largement les mêmes. Voilà donc des données fondamentales.

On notera qu'aujourd'hui aussi, certains voudraient faire passer le changement climatique comme responsable de  tous les problèmes de la population malgache en évitant soigneusement de mettre en avant la surexploitation des ressources et les erreurs de gestion de l'environnement.

Référence
Burns, Stephen J., Laurie R. Godfrey, Peterson Faina, David McGeed, Ben Hardt, Lovasoa Ranivoharimanana, Jeannot Randrianasy, 2016. Rapid human-induced landscape transformation in Madagascar at the end of the first millennium of the Common Era. Quaternary Science Reviews, Volume 134, 15 February 2016 : 92–99.

2 commentaires:

  1. Le premier pas c'est de faire le constat : Grand merci à Tatsimo.

    La seconde étape c'est de trouver une solution durable : Merci à la permaculture et Ecovillage (http://ecovillagemadagascar.com/formation-pratique-en-permaculture-du-28-29-septembre-2015/)

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    1. Ici, pas de solution durable. Les destructions ont été irrémédiables comme elles l'ont été chez nous lors des grands défrichements médiévaux. La question est : comment gérer ce qui reste (et c'est énorme) ? Il y a malheureusement lieu de ne pas être très optimiste.

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